MAGASSOUBA Mounina SYLLA : « Aider à donner la vie a toujours été mon souhait »

Il suffit de l’entendre en parler pour se rendre compte que malgré les difficultés qu’elle rencontre, Mounina garde chevillée au corps ma mission d’aider les bébés à venir au monde. A l’occasion de la journée internationale de la sage-femme, célébrée le 5 mai, rencontre avec une « assistante de Dieu ».
Mariée et mère de 5 enfants, Mme Magassouba Mounina Sylla exerce le métier de ses rêve sdepuis 1994. « Je suis devenue sage-femme par passion, OUI par amour du métier. Depuis toute petite je rêvais d’être sage-femme, j’ai toujours souhaité à aider à donner la vie » souligne-t-elle. Elle ajoute qu’elle aime beaucoup les bébés.
Après le DEF, en 1991 Mounina s’est inscrit à l’École Secondaire de la Santé pour une formation de 3 ans en sage-femme. La formation prit fin en 1993 suivie de quelques stages et des formations sur le terrain. Elle entame alors le boulot de son rêve en 1994 en commença à travailler à la clinique ‘’Polyclinique’’ de Kayes, avant d’avoir la fonction publique en 2000. Ensuite elle continua au CSCOM de Kayes pendant 4 ans. En 2004, elle fut affectée au CSRef de la commune VI ou elle travaille maintenant depuis plus de 15 ans. Elle est actuellement Sage-femme maîtresse-responsable là bas depuis 4 ans.
« J’étais encore célibataire quand j’ai opté pour le métier de sage-femme. Et c’est à Kayes que je suis mariée J’étais à Kayes pendant dix ans c’est là bas que je me suis mariée » a-t-elle confié. Le métier de sage-femme représente beaucoup pour elle, car elle se réjouit et trouve que les sages sont l’espoir des femmes en état de grossesse. « J’ai opté pour un métier noble, nous sommes un espoir pour elles ». « Je dédie mon travail à mon père, Feu Mamadou Sylla, qui m’a beaucoup soutenu ». Concernant l’évolution du métier de sage-femme, Mounina pense que le métier évolue très bien. Elle explique qu’à leur époque, la formation se faisait à partir du niveau DEF donc à partir du niveau DEF, mais maintenant, c’est à partir du BAC et qu’il y a même niveau licence. Elle ajoute « beaucoup de choses se sont améliorées à notre niveau et on participe plus à des formations ». Pour Mme Magassouba, les défis pour la pratique de ce métier, c’est d’abord la réduction de la mortalité maternelle néo natale et infantile et ensuite l’amélioration de la qualité des soins.
« Avec les patients nous avons des très bonnes relations. Ce sont des femmes qui viennent se confier à nous. Et nous, nous sommes là pour les conseiller, les orienter et faire leurs prises en charge correctes. Notre rôle c’est leurs aider à enfanter » déclare t-elle.
Pour répondre aux différentes critiques contre les sages femmes, la sage Mounina explique qu’il y a l’exception dans toute chose. « Peut-être que d’autres ne font pas leur travail comme il le faut, sinon notre travail nous demande d’être disponible pour les femmes enceintes. Nous devons être à leurs écoute, les orienter, les aider à trouver des solutions à leurs problèmes. On doit être emphatiques, être patientes aussi avec elles et d’être disponibles pour elles. Nous sommes leur espoir et nous avons le devoir d’accomplir ce rôle » assure Mounina. « Je pense que nous faisons de notre mieux. Le problème des femmes enceintes est un sujet très sensible. Souvent il y a des incompréhensions, des préjugés. Généralement les femmes en état de grossesse sont presque toujours de mauvaise humeur donc nous on fait de notre mieux pour les supporter et d’avoir beaucoup d’empathie envers elles » ajoute t-elle.
Une vocation, pas toujours facile
Comme tout travail a des difficultés, le métier de la sage-femme ne fait donc pas exception. Elle raconte qu’elle n’a aucune difficultés pour jongler son métier et sa vie de foyer, mais les difficultés sont au niveau du métier même. « L’une des difficultés est que nous sommes exposés à des infections et à certaines maladies. Il y a souvent des mauvaises interprétations des gens par rapport à ce nous faisons. Il y a des accidents de travail et souvent, on a à faire avec des femmes qui n’ont fait aucune consultation, aucun suivi, d’autres même accouchent à la maison et saignent beaucoup d’abord et nous viennent que quand il y’a des difficultés. Il y a donc des complications et très souvent certaines décèdent sans qu’on ne puisse rien faire pour les sauver. Ceci est vraiment dur pour une sage-femme. Il y a aussi des difficultés au niveau du service. Il arrive des fois que les supérieurs nous parlent mal. Aussi en tant que responsable, ce n’est pas facile de gérer tout le monde car les gens n’ont pas les mêmes éducations. Il y a également des difficultés au niveau des matériels. Souvent il y a une insuffisance de matériels avec lesquels on travaille. Souvent nous travaillons dans des conditions difficiles tous les conditions ne sont pas réunis. Par rapport aux matériels ou local. Le local n’est pas souvent adopté, le matériel est insuffisant».
En tant que responsable maîtresse sage-femme, Mounina organise la garde des sages-femmes, elle coordonne les activités, elle supervise et s’occupe des orientations. Elle s’occupe également de la formation et l’éducation des stagiaires et défends la cause des femmes.
Elle raconte des situations qui lui ont beaucoup marqué dans son métier. « Deux cas m’ont beaucoup marqué et ils se sont passés à mon début. Le premier, j’ai fait l’accouchement d’une femme qui a accouché d’un bébé de 5 kilo. Et j’ai peur. Quand la tête est sortie, j’ai tenté fuir pour appeler le docteur mais la femme même m’a retenu disant que je dois rester avec elle. Elle a beaucoup souffert de l’accouchement car l’enfant était gros. L’image est restée sous mes yeux même après avoir été à la maison et je suis même tomber malade. J’étais paralysée. C’était ma première fois de voir un si gros bébé. Ceci m’a beaucoup marqué. Le deuxième cas c’est un décès maternel. Tout s’est bien passé lors de l’accouchement et la femme même m’a beaucoup remercié quand elle a vu le bébé. Je me suis occupé du bébé et on est retourné trouver que la dame a fait un arrêt cardiaque. On a tout fait pour la sauver mais en vain. Ce qui était aussi un premier décès avec moi dans le métier et m’a beaucoup marqué ».
Elle que généralement les cas de décès sont dû au fait qu’elles ne font pas de consultation, du suivi. Alors que c’est lors du suivi que les sages femmes peuvent diagnostiquer les différentes maladies et faire la prise en charge.
5 mai, Journée Internationale de sage-femme
« C’est une journée mémorial, qui nous valorise. Pendant cette journée on fait beaucoup d’échanges. On présente les activités que nous avons mené au cours de l’année. Et on expose les résultats de nos travaux, voir ceux qui ont marché ou pas. Trouver des solutions pour ceux qui n’ont pas marché.(Par exemple si j’ai fait 100 accouchements et 90 % ont marché et on cherche savoir pourquoi les 10% n’ont pas mal pour les solutionner pour ne pas les répéter l’année prochaine. C’est une journée. C’est une journée qui nous permet d’échanger, de parler de nos difficultés, des activités que nous menons. C’est une retrouvaille car les sages-femmes des autres régions viennent. C’est réjouissant pour nous » se réjouit la sage Mounina.
Koumba COULIBALY