In memoriam: Adam Thiam, notre grand à tous

Il m’aura fallu du temps. Ma plume n’a pas été aussi alerte que la tienne, toi qui savais si bien, en quelques mots bien placés et plein d’émotion, sacrifier à ce devoir si lourd. Ma plume a refusé de suivre mon esprit qui pourtant fourmillait d’images, de phrases, de rires…
« Le seul vrai maître avait tout confié à son marbre. Devant lui nous sommes si petits ! ». En lisant ces deux petites phrases dans ton hommage à ATT en novembre 2020, lequel d’entre nous pouvait s’imaginer que tu ne serais bientôt plus la? Que tu nous serais arraché si brusquement? Oui, comme tu l’as écrit, « seul le vrai maître » savait…
Les mots, je les ai cherché longtemps. Non pas à cause de la peine, mais parce que je le disais, comme toi « de quoi je me mêle »? Tant d’autres l’auront fait avant moi. Tant d’autres auront dit de toi ce que tous nous savons: ta culture, ton érudition, ton ouverture, ton humanité. En ces quelques jours qui ont suivi ta disparition, j’en aurai appris plus sur toi qu’en ces quelques occasions où j’ai eu le plaisir de te côtoyer. Et la peine laisse la place aux regrets. Les « et si » s’accumulent mais nous n’avons qu’un seul choix à faire: accepter et continuer.
« Nous passons un jour ou l’autre. Mais le passeur que tu fus a été aussi un semeur », écrivais-tu encore en novembre. Tu en auras semé des graines, et elles ont déja produit de belles fleurs. De celles du cercle familial à celles que tu as coaché toute ta vie durant. De nous autres que tu inspirais de loin à ceux que tu as formé. Pour eux , pour nous tous, que te dire de plus que ce grand merci. J’ai lu que tu as déposé ta plume. Je veux croire que non. Que ta si belle plume ne tombera pas la poussière de l’oubli et que toujours ton esprit continuera d’influencer. Du service de l’info au service de l’Etat, des belles lettres à la réflexion prospectives sur le « NOUS » commun, tu auras laissé tes voies. Puissent-elles résister au temps et être source d’avancement, de mieux-faire pour tous ceux qui te pleurent aujourd’hui.
« Grand », comme je t’appelais, parce que je n’avais pas deviné ton âge, toi qui étais si accessible pour nous autres, tes enfants, merci pour le témoin si bien passé et pour les valeurs partagées.
Repose toi maintenant.
Célia d’Almeida