Edito: Ce n’est pas la fête !

Oh non ! On ne niera pas qu’il y ait des raisons de se réjouir. La « condition » de la femme a bien évolué ces dernières décennies. Même si…A vouloir y regarder de plus près, nos combats sont plus nombreux que nos victoires.
Le droit d’être instruite, de travailler, de voter, de se distraire, de conduire, de voyager, d’adopter, de choisir, de vivre… La liste risque d’être longue, des droits auxquels les femmes ont accédé dans la plupart de nos pays. En principe… Oui, en principe parce qu’il suffit de gratter un peu le vernis du discours ou déchirer le pagne du #8mars pour se rendre compte que le chemin qui reste à faire est bien plus long que celui parcouru.
A l’école, la petite fille voit ses rêves brisés par un enseignant inconséquent, un mariage trop tôt arrangé ou tout simplement parce qu’elle doit rentrer préparer le repas de midi pour ses frères qui eux restent en classe. Pire, parce qu’il n’y a pas de toilettes séparées et qu’aller aux communes la met à risque…
Au travail, dès que l’une d’entre elles gravit les échelons, les rumeurs courent sur la « promotion canapé ». Quand elle y arrive malgré tout, elle sera toujours (les exceptions font la règle) payée 40% moins cher qu’un homme à diplôme et position égale. Au champ, elle cultivera, récoltera, vendra et donnera la recette au « chef de famille » qui en disposera, tiens, pour lui donner « une petite soeur ».
Au parti politique, on a son numéro en tête dès qu’il s’agit de « mobiliser » mais il est le dernier que l’on fait quand il s’agit de composer les listes de candidatures. Elles sont les « justificatifs » pour respecter les quotas. Et bien souvent, ne bénéficient pas des cadres où se forme la conscience politique, leur permettant de prétendre.
A la piscine, au restaurant ou au cinéma, et même au balanishow du quartier, elle est avant tout objet. Dès qu’elle ose « être elle-même », la décence, la bienséance et la bien-pensance se rappellent violemment à son souvenir. « Vas te rhabiller »…ou pire !
Au volant, elle est obligée de mettre sur son pare-brise « nouvelle conductrice » pour bénéficier du minimum de courtoisie. Oui, on déversera sur elle toute l’aigreur du semestre car « sa voiture, elle l’a eue grâce à… ». Parce que non, elle ne peut pas s’offrir son moyen de locomotion elle-même…
Oh ! Je ferai mieux de m’en arrêter là, parce que comme les droits, les situations où l’on rappelle à la femme qu’elle doit avoir la permission d’exister sont nombreuses. Si nombreuses qu’elle s’y perd elle-même, quand elle ne se dit pas tout simplement « autant en profiter ». Les pagnes et autres fêtes pour oublier les coups à la maison, la violence verbale, le harcèlement au boulot, le refus de la promotion parce que « elle va tomber enceinte et on ne pourra pas compter sur elle »…
Heureusement qu’il y a des femmes, et des hommes!, qui, parfois sans bruit mais avec une efficacité redoutable, mènent le combat. Pas contre les hommes, il est temps de comprendre que cela est un faux-débat. Non, le combat contre les injustices, les inéquités et pour l’humanité. En éduquant autrement les enfants, en étant des exemples, des « c’est possible pour une femme » !
Le 8 mars, c’est cela. Qu’hommes et femmes se souviennent que l’humanité a deux pieds. Et que tant qu’elle en négligera , en brimera, en maltraitera un, elle sera bancale.
Célia d’ALMEIDA