EconomieEconomie

4ème webinar du REAO : enjeux et perspectives de la Zlecaf

Le Réseau des entrepreneurs en Afrique de l’ouest a organisé le jeudi 25 février une conférence en ligne sur la Zone de libre-échange continentale africaine entrée en vigueur le 1er janv 2021. De nombreuses questions freinent l’enthousiasme des acteurs économiques sur le continent.

En ouvrant la conférence modérée par Mossadeck Baly, CEO du Groupe Azalaï, le président du REAO a rappelé que la mise en place de la Zlecaf est une opportunité pour les africains. Pour Mr Ould Baby, elle est « l’occasion pour stimuler et renforcer l’intégration économique du continent stimuler le commerce interafricain, créer des emplois, et booster les échanges entre les pays »…Mais il y a des inquiétudes, assure-t-il, en particulier sur le fait que les africains se retrouvent dépouillés de leur marché intérieur au profit des multinationales étrangères. « Les gros poissons ne vont-ils pas manger les petits ? », interroge-t-il ?

Dans une présentation liminaire intitulée « La Zlecaf pour les nuls », Djibril Baba Tabouré  a rappelé qu’entre autres opportunités pour le Mali, la zone permettra aux entrepreneurs de faire des exportations vers les autres pays africains sans payer ou peu des droits de douanes. Il a cependant également énuméré les menaces : « importation massive en dutyfree venant de toute l’Afrique, ce qui va étouffer les industries naissantes et achever les industries malades. Ce qui va entraîner une baisse des recettes de douanes qui assurent aujourd’hui 40% du budget de l’Etat ». Une situation qui entraînera à son tour « une pression fiscale accrue » sur les entreprises.

Des risques mais une opportunité à ne pas rater

Le Pr Carlos Lopez, économiste bissau-guinéen prof d’économie en Afrique du Sud et en Grande Bretagne et en France est l’un des pères fondateurs de la Zlecaf. Il l’assure, les raisons d’être optimiste priment sur les inquiétudes. « Il s’agit d’un projet politique majeur dont l’intégration commerciale est un aspect. Il y a aussi l’intégration productive, macro-économique. […] Il permettra la création de chaines de valeur dans les pays à travers un processus de réformes qui leur permettront d’avoir la possibilité de tirer profit de la zone. C’est pourquoi il faut se préparer. Ce qui est important c’est la capacité stratégique institutionnelle », a-t-il expliqué.

Le Mali se prépare. C’est ce qu’a pour sa part affirmé Boubacar Ballo, conseiller technique au ministère de l’industrie et du commerce , négociateur en chef de la Zlecaf pour le Mali. Tout en déplorant un manque de moyens handicapant les structures étatiques engagées dans le processus, il assure  que « le Mali ne sera pas réduit à un pays de consommation ». « Aucun pays n’est 100% prêt pour une intégration économique. Le Mali doit poursuivre l’amélioration du climat des affaires pour attirer les investisseurs dans des secteurs où le pays a des avantages concurrentiels : anacarde, gomme arabique, bétail viande, cuirs et peaux », ajoute M. Ballo.

Les trois prochaines années seront utiles pour les pays africains. Elles permettront, à partir du Secrétariat de la zone installé au Ghana, de clarifier le cadre, poser les règles et assurer la transparence du système pour asseoir la confiance des investisseurs mais aussi des opinions nationales des différents pays.

Mamadou Traoré, commissaire en charge de l’industrie et de la promotion du secteur privé à la Cedeao, a également pris part aux échanges. Il a rappelé les défis pour les pays africains dont l’adhésion des « grosses économies » mais aussi des acteurs des économies africaines qui devront bien se préparer. « Il y a des risques mais il y a une forte capacité d’adaptation qui permettra aux entreprises d’être des acteurs gagnants de la Zlecaf », a-t-il assuré.

La Zone de libre-échange continentale africaine est la mise en place progressive sur 5 ans d’une suppression des droits de douanes sur les échanges de biens et des services. Elle a pour objectif de développer les échanges intra-africains qui sont encore faibles, au niveau de 14% contre 73% pour l’Europe.

D. FAKA

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page