
Depuis l’apparition de la COVID-19 au Mali en mars 2020, le fonctionnement des établissements scolaires est fortement perturbé. Fermeture, mise en oeuvre difficile des mesures sanitaires, sont autant de contraintes auxquelles font face élèves et encadreurs. Une situation qui entraîne des difficultés de gestion et des risques pour la survie même de ces établissements, en particulier ceux du secteur privé.
« Nous avons rencontré pas mal de difficultés, qu’elles soient financières, familiales ou sociales, et nous en avons toujours. Certains parmi nous ont été expulsés de leur maison, certains ont perdu leur femme et subi toutes sortes d’humiliation. Il faut ajouter que certains n’ont pas eu de salaire depuis mars 2020 jusqu’à maintenant, et j’en fais partie » s’exclame Kalilou Coulibaly, professeur de sociologie et chargé de communication du Syndicat Libre des Enseignants des Écoles Privées du Mali (SYLEEPMA).
Quand à Mamadou DOUCOURE, directeur du Centre de Formation Technique et Professionnelle Tigana (CFTP-Tigana), il mentionne comme difficulté la perturbation de l’année scolaire « On a eu beaucoup de difficultés, et elles continuent à persister jusque là. L’année scolaire 2019 – 2020 a été perturbée d’abord par les grèves, et le confinement dû à la maladie a rendu les choses encore plus complexes. En plus, c’est fatiguant d’enchainer deux années scolaires successives, vu qu’on continue avec les cours jusqu’au 14 de ce mois selon la dernière décision du gouvernement, et la nouvelle année scolaire commence le mois suivant ». Il évoque également le fait que « les établissements privés n’ont reçu aucune aide venant de l’État pendant cette période de covid-19. Il y a eu un moment donné où ils ont donné des bavettes pour les élèves, mais les enseignants n’étaient pas prévus, en tout cas pas les enseignants de Kalaban Koro».
Difficile gestion des enseignants
Les écoles privées ont certaines obligations. En tant normal, elles fonctionnent avec des enseignants permanents et des enseignants prestataires de service. « On paie nos enseignants permanents douze mois sur douze. Ces derniers sont en même temps inscrits à l’INPS, et tout ce qui s’en suit. En ce qui concerne nos enseignants prestataires de service, ceux-là viennent dispenser les cours par heure. Après les cours, ils vont émarger les horaires dispensées et à la fin du mois, on comptabilise les heures et on leur paie en fonction des heures effectuées. A leur niveau, il n’y a pas de soucis, car ils sont bien conscients que tant qu’il n’y a pas de cours, il n’y a pas question de salaire, c’est dans le contrat. Même s’il faut reconnaitre que c’est une période difficile pour eux, surtout pour les chefs de famille » explique M. DOUCOURE, directeur du CFTP-Tigana.
Les enseignants essaient de surmonter cette situation, mais difficilement. « C’est très difficile pour certains établissements privés de gérer leurs enseignants, car à certains niveaux, c’est la cotisation des parents d’élèves qui permet de payer les enseignants, à d’autres niveaux les subventions de l’État permettent de payer les enseignants. Tout ceci soulève d’autres problèmes avec les parents d’élèves. Si les élèves n’entrent pas en classe pour travailler, les parents d’élèves refusent de payer, ce qui complique d’avantage la gestion des enseignants » se prononce M. Kalilou Coulibaly du SYLEEPMA.
D’autres dépenses au sein des établissements
Mme Cissé Fanta Sacko , surveillante d’une école privée à Djalakorodji explique que les dépenses d’un établissement ne se limitent pas seulement au salaire des enseignants. « Nous sommes toujours coincés, après la fermeture des écoles due au coronavirus ; on a eu des dettes. En plus des enseignants, on doit aussi payer le gardien, et il y a d’autres depenses aussi pour le fonctionnement de l’école. On a failli être expulsé du bâtiment car il est en location. Certains parents ont toujours des difficultés à payer le reste de l’année scolaire. Ce qui constitue également une difficulté. On essaie de s’en sortir, sinon les difficultés sont toujours là. » se prononce-t-elle.
« Je tiens à rappeler que nous sommes entrain de nous battre pour avoir une convention collective pour l’ensemble des enseignants d’établissement privé » conclut M. Kalilou Coulibaly du SYLEEPMA.
Koumba COULIBALY1