
Attendu dans la soirée du lundi 30 novembre, un discours du président de la transition a fuité avant même sa lecture. Le discours qui était prévu à 20H sur la chaine nationale a été reporté, mais le contenu sont déjà connu de tous. Depuis lors, la rumeur circule sur les décisions prises relatives à l’ampleur de la pandémie de coronavirus. Que peuvent être les impacts des mesures barrières que le gouvernement compte mettre en place ?
Ce devait être la toute première adresse du président de la transition Bah N’DAW à la nation sur la question de la Covid-19 au Mali. On y retrouvait des mesures restrictives, contenues dans un document word, attribué à la Présidence de la République et qui aurait fuité. Réduction du temps d’ouverture des marchés, fermeture des écoles pour 28 jours., idem pour les lieux de plaisir, de sport, les bars et restaurants.. ainsi qu’un couvre-feu de 21h à 5h du matin pour la même durée. Enfin,un renforcement du contrôle des certificats de test covid négatif par les autorités aéroportuaires et frontalières. Autant de mesures finalement non officialisées, alors qu’un Conseil de défense et de sécurité s’est tenu sur la question le 1er décembre.
Mais cette non officialisation n’a pas rassuré les Bamakois pour qui leur survenue n’est qu’une question de temps. La montée des chiffres de contamination avait entrainé en mars dernier une batterie de mesures qui avait fortement impacté les activités socio-économiques. « Cette décision de fermer les marchés à 14h m’intrigue beaucoup, car j’achète mes condiments chaque soir à 17 h avant de rentrer à la maison. Mon travail m’oblige d’être au bureau tous les jours à 8h, donc il est difficile pour moi d’aller au marché le matin. Ce sera vraiment compliqué pour moi de gérer cela » explique avec inquiétude Kadidiatou Sogoba.
Mesures difficiles
Le ’Woninda’’, grand marché de produits frais de Bamako, bat son plein à partir de 16heures. Les vendeuses y ont beaucoup d’inquiétudes concernant cette mesure. « J’espère bien que ça restera une rumeur, sinon cette décision de fermer les marchés à 14h sera catastrophique pour nous. On ne peut pas se limiter à vendre seulement le matin. C’est à partir de 17 h que notre marché commence. On vit de la vente de ces légumes, moi j’habite loin, derrière N’golobougou. Il faut donc que l’État revoie cette décision s’il compte vraiment l’exécuter » se prononce Awa Bagayogo, vendeuse de choux. « Notre marché ne commence qu’à partir du petit soir et c’est le matin qu’on part chercher les légumes aux marchés voisins, donc il est impossible de les vendre le même matin. Si le gouvernement applique ces décisions beaucoup en mourront de faim et la Covid-19 » ajoute Mah Coulibaly, vendeuse de tomates
En ce qui concerne la fermeture des restaurants, bars, lieux de sport,… les propriétaires de ces lieux évoquent des difficultés financières, même s’ils pensent que ces mesures barrières sont nécessaires. «Jusqu’à preuve du contraire on considère ces décisions comme des rumeurs. On ne peut pas se prononcer là-dessus pour le moment, au cas où ce sera officiel et que le gouvernement met en place ces mesures barrières, ceci ne sera pas une première épreuve, car on a connu ça au début de cette maladie. Sur le plan sanitaire, c’est une bonne chose parce que la maladie fait beaucoup de dégâts de nos jours et les dernières statistiques montrent qu’il a une augmentation exponentielle de la maladie au Mali. Ce qui nécessite de la part des autorités de prendre des mesures pour protéger la population. Ces décisions sont compréhensibles. Mais par contre, elles ont des conséquences économique et financière catastrophique pour la population. La majorité de la population vit des petits commerces, des secteurs informels et ce sera un moment douloureux et catastrophique pour nous en tant que propriétaires de restaurants, de bars, de boulangeries… » confie Ibrahim COULIBALY, l’un des responsables du restaurant « Sous-bois ».
Koumba COULIBALY