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« Do Kera »: une conférence pour l’action contre les VBG

Me Tall Nadia Biouele est avocate et présidente de la Hera Fondation. Cette organisation à but non lucratif tiendra le 10 novembre prochain, dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, la « Conférence active « Dô Kéra » ». Pour Me Tall, il s’agit d’un cadre d’échanges pour « faire bouger les lignes ».

Quel est l’objectif  de la conférence Dokera  ?

La  conférence  active Dokera  a   pour  ambition  de s’ériger en  baromètre de  l’évolution  du  code  juridique  de  lutte  contre  les  VBG  au  Mali.  Et  c’est  une  conférence  qu’on  veut  annuelle  qui  se tient  généralement à  la  fin  des sept  jours d’activisme pour  faire  le point  du  plaidoyer  que  nous  avons  initié  en  faveur  de  l’adoption  d’un  cadre  juridique  approprié  pour  une  lutte  efficiente  des VBG au Mali.  Et  cette  conférence permet  également la  synergie d’actions de tous  les acteurs sur  le  terrain.  Nous  avons   tenu  la  première  édition le  09   décembre 2019,  qui  a  tenu toutes  ses  promesses et  nous  sommes  en train d’aller  vers  une  seconde  édition  qui  se  tenir  cette  année le  10 décembre  au  CICB.

 Quelle  est la  situation  au Mali  en  ce  qui  concerne  l’aspect légal et  juridique ?

En  ce  qui concerne  l’aspect  légal et  juridique nous  avons  déjà  dans   notre  arsenal  législatif  existant  des lois qui  permettent  de  lutter  contre  les  violences  récurrentes  nous sommes  saisis  nous avons  le  code  pénal de 2001,  nous  avons  depuis  décembre 2019,  une  loi  contre la  cybercriminalité au  Mali  qui  prévoit quelques  infractions  contenues  dans  l’avant  projet  de  loi , comme  son  nom  l’indique, n’est  pas  encore  passé  en  adoption devant  le  conseil  des  ministres pour  ensuite  être  voté  à  l’Assemblée. Au  regard  de la situation, on se  demande si  cela va  se  faire  si  tôt. Nous  avons  également  une  loi contre  la  minorité  pénale,  un  code  protection  de  l’enfant.  Nous  avons  aussi quelques  textes  qui  nous  permettent  déjà  de  prévoir  et  de  réprimer  des  violences   telles que : les  meurtres,  l’attentat  à  la  pudeur,  les  violences  conjugales ,  l’adultère , la répudiation  de  la  femme qui  sont  déjà  légiférés  par  les  textes  existants.  Mais  nous n’avons  pas, à  l’instar  des  autres  pays,   un  texte  spécifique  qui  lutte  contre  toutes  les formes  de  violences conformément  aux  textes et  standards  internationaux   ratifiés par  le  Mali.

Quels  types de personnes y  participent ?

Tout  le monde  participe  à  cette  rencontre. Nous  avons  déjà  l’accompagnement des autorités notamment  les  départements  en  charge de  la  promotion de  la  femme ,  de  l’enfant et  de  la  famille.   Il  y  a  des engagements qui  sont  pris et  on  peut   noter une lueur d’espoir depuis  la dernière  conférence à  cette  année,  puisque  le  code  pénal  au  Mali est  dans un  processus  de  réforme  pour  le  rendre  plus  adapté aux  nouveaux  types  d’infractions. Le  mois  dernier , s’est  tenu  un grand    atelier pour  réfléchir  sur l’insertion des dispositions infractionnelles   de  l’avant -projet  de loi dans  le  code pénal.  C’est -à-dire,  le  code pénal ambitionne  de  prendre  en  main  la  question de la  répression  des violences  basées sur  le  genre  dans  la  typologie  indiquée  dans  l’avant  projet  de  loi . C’est déjà  un  très grand  pas qui  a  été  fait et  nous  sommes  confiants  que  cela va aboutir. Donc  nous  avons  les  acteurs  étatiques,  nous  avons  les  organisations  de  la  société  civile, les  acteurs  de  la  chaîne  pénale  c’est-à-dire  les  policiers  ,  les  unités  d’enquête ,  les  magistrats  , les  avocats  nous  avons  également  les  sociologues  qui  nous  accompagnent  et nous  avons  toute  la  chrême  des  acteurs  de lutte contre  la  violence  basée sur  le  genre .

Comment ces  femmes  qui sont  loin  des  centres  de  décision  peuvent-elles  être  impliquées  dans  ce  travail  que  vous  faîtes ?    

Ces  femmes  ont  besoin  d’être  prises  en  charge donc  d’une  « assistance  holistique » pour  ces  femmes  qui  se  trouvent    un  peu  loin  de  la  capitale,  il  faut  le  reconnaître  le  fort  taux de  violence  se  trouve  à  ce  niveau là.  Nous  avons  mis  l’accent au  niveau  de  Hera Fondation sur le fait que  l’année  2021  sera  fortement  axée  vers  l’assistance  à ces  femmes. Et  nous  avons  déjà  prévu  au  cours  de  cette  conférence  avoir les  10 ou  13  coordinateurs  régionaux. Ils  vont  être  chargés  de  faire  un  travail  de  synergie  d’actions sur  le  terrain  avec  les organisations de la société civile,  les  associations  ou  regroupements  de  femmes qui sont  sujettes justement   à  ces  violences  pour enfin  nous  renvoyer l’information  afin que la prise en charge au moins juridique et judiciaire que nous assurons soit faite. Nous avons également un pool d’avocats au niveau de la fondation de 20 avocats et de 20 juristes qui sont aujourd’hui chargés pour être déployés un peu partout dans les régions pour assurer l’assistance judiciaire aux personnes victime de violences. Il faut préciser que les tribunaux n’ont pas travaillé dans certaines régions à cause de l’insécurité. On verra par quel attachement judiciaire on pourra prendre en charge ces cas de violences.

Propos recueillis par D. FAKA          

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