
» Il y a des classes aujourd’hui qui sont occupées par les sinistrés des inondations. Et après avoir fait le bilan de la visite de certaines écoles, nous comptons rencontrer les autorités pour qu’ensemble nous puissions trouver les solutions aux différents problèmes » prévoyait à la veille de la reprise des classes le DAE de Ménaka, Amadou A Yattara.
Le 11 septembre, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 et le Comité national pour le Salut du peuple ont signé après plusieurs jours de tractations le procès-verbal de conciliation sur l’application de l’article 39. Cette entente a mis fin à l’arrêt de travail des syndicats qui ont invité leurs militants à reprendre les cours le lundi 14 septembre 2020 à 7 heures 30 minutes sur toute l’étendue du territoire national.
Reprise inégale et compliquée à Ménaka
Mais la reprise, après une mise en berne de l’école pendant des mois, n’est pas très évidente pour ses acteurs. Si les autorités scolaires prennent des mesures pour accompagner ce retour subite en classe, ils n’occultent pas les difficultés du moment. Il faut rappeler que dans cette zone, les populations vivent en sursis à cause notamment de l’insécurité ambiante.
» La plus grande difficulté c’est l’absence des enseignants et même des élèves, qui, après avoir perdu espoir sont partis soit à Gao ou même à Bamako. La véritable difficulté, c’est comment ramener tout ce beau monde ensemble ici », confie le DAE de Ménaka. Pour les faire revenir, la tâche s’annonce aussi ardue.En cette période hivernale, emprunter le trançon Ansongo- Ménaka, long de 215 kilomètres, relève d’un exploit.
Dans la cour du second cycle de Ménaka I , des élèves et leur enseignant de Français devisent après les retrouvailles. Selon Ahmed Hankourou, représentant du directeur de l’école, la rentrée est effective » mais le petit souci qu’on peut constater est l’absence de certains élèves. Comme ce sont les premiers jours, nous verrons. Pour les cours, dans toutes les matières nous avons au moins un enseignant présent » indique t-il. Il a lancé un appel aux parents d’élèves pour qu’ils renvoient leurs enfants à l’école.
Par contre, au niveau de l’école Ménaka II second cycle, ce sont quelques enseignants seulement qui ont répondu à l’appel. » Beaucoup sont partis et ne sont plus revenus. Nous avions comblé ce manque avec les volontaires mais leur contrat est fini depuis fin Août » explique Mogotié Diarra, directeur de l’école Ménaka II second cycle.
Les élèves rencontrés dans les cours d’écoles sont visiblement heureux de cette reprise. A chacun soit un sac sur le dos, une ardoise à la main… seul ou avec leurs camarades dans ces espaces de socialisation par excellence. » Je suis très contente de la reprise de l’école. J’ai reçu ici un sac et des cahiers aujourd’hui. C’est demain qu’on va faire cours » expliquait une élève en cinquième année, le 14 septembre dernier. Elle ne se pose pas la question de la validité de cette année. C’est pourtant le débat qui secoue le monde scolaire mais aussi les débats de parents d’élèves, tant cette année scolaire 2019-2020 a été courte, entrecoupée, à cause des mouvements sociaux et des mesures sanitaires dues à la Covid19.
Amadou MAIGA, Ménaka