
Les autistes et leurs familles souffrent de stigmatisation en plus de subir le poids du handicap. Pour une meilleure prise en charge, le docteur Modibo Sangaré, spécialiste en neuroscience, a mis en place le ‘’Projet autiste’’. (LeJalon.com)
« Ma belle famille m’a abandonné. On m’a dit que j’étais responsable de la maladie de mon enfant, que je fréquentais les marabouts et les charlatans. Dieu m’est témoin, je n’ai jamais été chez un marabout », soupire Rokia Kanté, larmes aux yeux, mine maussade. Mère de quatre enfants, son fils aîné, Kali 18 ans est autiste. « Je vivais au Gabon avec mon mari. L’enfant y est né en 2000. Aujourd’hui, il ne peut ni parler, ni même faire ses besoins naturels, seul. C’est dur !» raconte Rokia. La naissance de son premier enfant a brutalement bouleversé sa vie et celle de son mari. « Avant je vivais des petits commerces, mais j’ai été obligée d’arrêter. Car il a fréquemment des crises épileptiques. Souvent il peut rester dans le coma pendant 24 heures » déclare-t-elle, avec peine.
« Mon mari est chauffeur, il a perdu plusieurs fois son emploi à cause de la maladie de notre fils. Car il demande des permissions pour m’aider», poursuit, Rokia.
Entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle, le couple a dépensé ses maigres économies sans obtenir la moindre amélioration de la santé de leur fils.
« Une fois, Kali a piqué la crise. Ce jour là, au Gabon les médecins étaient en grève. Nous avons déboursé 700 000FCFA en une journée pour qu’il soit hospitalisé. Et on ne savait pas jusque-là de quoi il souffrait » confie-t-elle.
Après avoir tout tenté avec la médecine moderne, Rokia se tourne vers les guérisseurs traditionnels. «Un guérisseur m’a assuré que mon enfant était hanté par les mauvais esprits et qu’il pouvait le soigner pour 250 000FCFA. J’ai payé la moitié de la somme. Il a creusé un grand trou dans la brousse où il a enterré l’enfant, sauf sa tête. Et m’a demandé de revenir 5 heures plus tard. Que s’il réussissait à s’échapper il serait guéri, mais dans le cas contraire, l’enfant était un djinne. Je lui ai ordonné de me remettre mon enfant», affirme-t-elle. Rentrée au pays depuis plusieurs années, Rokia 39 vit quasiment récluse. « Seuls mon mari et ma mère m’aident à entretenir Kali, les autres membres de ma belle famille me fuient».
« Mon enfant n’est pas un démon »
Souleymane Bah, 53 ans, directeur des ressources humaines d’une entreprise locale, père d’un enfant autiste de 12 ans témoigne : « on m’a parlé de djinne, de sorcellerie…, mais je n’y ai jamais cru. Mon enfant n’est pas un démon ». Pour lui,… lire la suite sur LeJalon.com